Ma Question d'Actualité au Gouvernement sur l'intelligence artificielle
Le mardi 6 juin 2023 en séance des Questions d'Actualité au Gouvernement au sein de l’Hémicycle, j’ai interrogé Jean-Noël Barrot, Ministre de la transition numérique et des télécommunications.
Ma question portait sur l'impact de l'intelligence artificielle et les suites données au rapport Villani de 2017 sur le sujet.
► Retrouvez ci-dessous la vidéo de mon intervention et la réponse du ministre.
Ma question au Ministre
"L’intelligence artificielle est partout ! Dans nos téléphones, dans nos voitures, dans nos banques, dans nos hôpitaux… Elle est dans cet hémicycle avec la LPM (Loi de programmation militaire) que nous venons d’examiner, à travers la question du soldat augmenté. Il en a été question à Paris l’autre jour avec la présence du créateur de Chat GPT. Elle était encore là, mardi soir, avec Etienne Klein, à l’occasion de l’Assemblée des idées. Et elle sera la semaine prochaine au Parlement européen qui aura un vote à faire sur le sujet …
C'est un sujet qui ne relève pas, qui ne relève plus de la science-fiction mais de la balistique : l’intelligence artificielle est une nuée de projectiles dont nous ignorons la taille et les moments de l’impact ! Mais nous savons déjà que les effets seront fulgurants ! Les développements de ces technologies vont bouleverser en cascade nos modèles sociaux et notre rapport au réel…
Si l’essor de l’intelligence artificielle générative présente des effets bénéfiques et vertueux, elle constitue aussi des risques et des menaces très forts si on perd le contrôle. Alors, sensible, perplexe, enthousiaste ou inquiet face aux applications, il parait difficile de faire l’économie du sujet. Il paraît difficile de se contenter de faire des recommandations, de lister les bonnes pratiques ou d’édicter des principes.
Chaque jour qui passe, dans une grande opacité, les algorithmes affectent notre accès à l’information, à l’emploi ou encore au crédit. Bien entendu, il ne s’agit pas d’entraver le progrès mais d’assurer l’ordre démocratique !
Si nous tardons à agir, on risque d’observer une défiance généralisée chez nos concitoyens qui, à terme, sera susceptible de freiner les développements de l’intelligence artificielle, y compris dans ce qu’ils pourraient avoir de bénéfique.
Alors, Monsieur le ministre, où en sommes-nous des suites du rapport parlementaire de Cédric Villani, qui recommandait en 2017 d’ouvrir la boîte noire de l’intelligence artificielle en développant l’évaluation citoyenne… en pensant les droits collectifs sur les données… ou en anticipant les systèmes d’armes létales autonomes… ?"
La réponse du Ministre
"Monsieur le député Jean-François Portarrieu. En vous remerciant pour votre question, je voudrais vous assurer tout de suite que ma réponse n'a pas été préparée à l'aide de l'intelligence artificielle et réaffirmer que nous avons l'ardente obligation de faire en sorte de voir se développer en France et en Europe dans les prochains mois des modèles d'intelligence artificielle générative. D'abord parce que nous en avons les moyens. De Blaise Pascal, dont nous fêtons cette année le 400ème anniversaire de sa naissance à Hugo Duminil-Copin, lauréat de la médaille Fields en mathématiques l'année dernière, la 12ème pour la France, notre pays n'a jamais cessé d'être une grande nation de mathématiques. Et puis ensuite, parce que nous en avons besoin. Vous l'avez dit, il est hors de question que cette technologie se retrouve entre les mains de puissants intérêts privés qui placeraient l'Europe dans une situation de dépendance. Et par ailleurs, nous voulons mettre entre les mains de nos concitoyens des outils qui soient forgés au feu de la langue et de la culture françaises. Alors nous n'avons pas attendu Chat GPT pour agir. Il y a cinq ans, à la suite du rapport Villani, le Président de la République a souhaité bâtir une stratégie nationale pour l'intelligence artificielle dotée de 1.5 milliard d'euros. Cinq ans plus tard, quatre centres d'excellence ont été créés, dont l'un dans votre département, ANITI, à Toulouse, mais également à Grenoble, à Nice et à Paris. Nous avons doublé le nombre de diplômés dans la discipline, nous avons aujourd'hui 600 starts-up qui sont spécialistes de l'intelligence artificielle et cette stratégie nationale est prolongée dans le cadre de France 2030 avec 1.2 milliards d'euros supplémentaires qui vont être enrichis, pour tenir compte de l'arrivée de l'intelligence artificielle générative, par un volet dédié que le Président de la République annoncera la semaine prochaine sans doute à l'occasion de Vivatech. S'agissant de la régulation, puisque vous l'avez abordée également, avec la Première ministre, avec le ministre de l'économie et des finances, nous veillons à ce qu'un juste équilibre soit trouvé entre la protection des citoyens et l'encouragement à ces innovations ; le rapport de votre collègue Philippe Pradal sur le sujet éclairera les décisions que nous aurons à prendre. Je vous remercie."